Dimanche
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Après le déjeuner, je suis resté avec les mômes à monter un climbing frame
à côté d'un arbre. Il faisait un soleil fantastique, nous étions de bonne humeur,
nous formions une équipe de travail exceptionnelle.
Nous avons passé quatre heures à visser et à emboîter des tubes, sans répit.
Quand nous avons eu terminé, je me suis allongé sur le sol, à côté du climbing
frame, juste au moment où Susanna - de retour de l'autre jardin où elle était
en train de s'occuper de ses saules - m'apportait un thé. Nous sommes restés
assis, en silence, à regarder les mômes qui montaient, descendaient et
remontaient aussitôtÍ
Mon esprit s'est mis à vagabonder genre Soleterhouse No 5 (tu l'as lu ? de Kurt
Vonengurt Jr.) et je suis parti vers le passé, vers un voyage merveilleux que
j'avais fait il y a une dizaine d'années avec deux amies - l'une d'elles est celle
qui, dans un rêve, il y a peu, est venue chercher un de mes baisers ; l'autre, une
amie très chère aussi.
Nous voyagions avec nos sacs à dos, en Grèce, dans les îles, en Crète. Nous
avions déjà passé plusieurs semaines ainsi, de plage en plage, nous nous
entendions à merveille, aucun de nous n'était lié sentimentalement avec
personne, nous nous respections en bons amis, nous nous aimions comme tels.
Voyager ainsi est vraiment fantastique, en particulier parce qu'en voyant
deux filles avec un mec, les gens sont plus ouverts et engagent plus volontiers
la conversation ; les filles parce qu'elles sentent que tu ne vas pas te jeter sur
elles à la première occasion, les mecs parce qu'ils pensent qu'il y a une fille de
libre.
Ce soir-là, nous étions allongés au bord de la mer, peinards, dans nos sacs de
couchage, à regarder les étoiles et à attendre le sommeil. Tout à coup, relax
comme nous étions, voilà Viky, qui normalement est plutôt réservée, qui fait
un pet. Fran, tout de suite, se met à rire en disant : Viky a pété, Viky a pété,
et elle rit de plus en plus, en continuant à le répéter, et au milieu du Viky a p.,
Viky a p., elle commence à dire je dois faire pipi, Viky a p., je dois faire pipiÍ
Viky, qui était restée silencieuse après l'incident, commence à rire aussi,
maintenant, en disant Fran va pisser à la culotte parce que j'ai p., et elle le
répétait et évidemment après deux minutes c'était elle qui, au milieu de ses
éclats de rire, intercalait le déjà connu "je dois faire pipi" entre les phrases
antérieures.
A ce moment, elles étaient toutes les deux hors de leur sac de couchage, mortes
de rire et en train de retirer leurs culottes mouillées, et moi pendant ce temps
j'étais toujours dans mon sac de couchage, à les regarder se mettre à poil tout
en continuant à rire et à se mouiller. J'ai alors décidé d'intervenir, je me suis
mis debout, j'ai baissé mon caleçon et me suis mis à pisser là, sur place, avec
mes deux merveilleuses amies.
Nous sommes restés tous les trois à poil, à nous regarder avec des yeux de
bonheur, des yeux de qu'est-ce que c'est bon que nous soyons ce que nous
sommesÍ
Je me suis éveillé de tant de beaux souvenirs pour me rendre compte que,
certainement, quelques instants seulement avaient passé ; les mômes
continuaient à grimper et à redescendre du climbing frame, Susanna était toujours
à côté de moi, silencieuse, le thé était toujours chaud. Le voyage n'avait été
qu'une étincelle, motivée peut-être par ce qui venait de se passer : Susanna
avait fait un pet et me disait - sorry.
Et tu sais quoi ? Le pet de Susanna m'a profondément dérangé ! Voilà où nous
en sommes aujourd'hui.
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